Jouer collectif pour accélérer la décarbonation de l’agriculture
L’agriculture française s’engage dans la trajectoire de décarbonation. Une démarche cruciale pour atteindre les objectifs de la stratégie nationale bas carbone et qui nécessite une approche collective impliquant tous les acteurs de la chaîne de valeur. C’est le pari du groupe Vivescia à travers son programme Transitions lancé il y a tout juste 1 an.
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Pour engager et accélérer les dynamiques de changement, l’approche collective a plusieurs vertus. Sans être exhaustif, on peut en effet évoquer la mutualisation des moyens, qu’ils soient humains ou financiers ou encore le renforcement de la légitimité et de l’acceptabilité des démarches. Le collectif favorise aussi la construction d’approches concertées et permet d’engager des dynamiques positives.
Ainsi pour engager des trajectoires vertueuses d’atténuation des effets du changement climatique par le prisme de l’agriculture, les coopératives sont sans aucun doute des acteurs qui, sur le territoire, peuvent porter ces projets et ces défis. C’est en tout cas une conviction pour le groupe Vivescia qui a lancé son programme Transitions en septembre 2023.
« Le groupe Vivescia appartient à 10 000 agriculteurs du nord-est de la France. Environ 3,3 millions de céréales sont collectées chaque année par la coopérative et ses filiales, et 1 bière sur 10 dans le monde est produite avec notre malt. Sans aucun doute, nous sommes le maillon capable de fédérer l’amont et l’aval des filières, c’est-à-dire l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur. C’est aussi une mission d’intérêt général légitime pour notre groupe, elle conforte notre rôle de créer de la valeur pour nos agriculteurs adhérents », résume Valérie Frapier, directrice RSE groupe et programmes Transitions.
1 000 agriculteurs engagés en 2026
Septembre 2023, le groupe Vivescia lance le programme Transitions : « une démarche de coopération entre l’amont et l’aval qui vise à lever les freins économiques et techniques pour construire une agriculture plus résiliente et productive, bas carbone et favorable au sol et à la biodiversité. L’objectif est d’engager 1 000 agriculteurs d’ici 2026 », résume la directrice.
Concrètement, un certain nombre d’indicateurs de progrès sont évalués : durée de couverture des sols, taux de carbone humifié restitué au sol, réduction des GES, niveau de certification CE2, CE2 + , HVE. Un pré-diagnostic permet d’estimer son éligibilité et en fonction du nombre d’indicateurs atteint, l’agriculteur perçoit une rétribution financière de 100 euros/ha ou 150 euros/ha. « L’objectif est de pouvoir engager ceux qui ont déjà anticipé cette trajectoire », précise Valérie Frapier.
Les agriculteurs engagés bénéficient de 9 demi-journées de formation, et d’un accompagnement de technicien. « On cherche aussi à mettre beaucoup d’humain et à organiser la montée en compétences de toutes les parties prenantes », ajoute Valérie Frapier.
Embarquer tous les acteurs de la chaîne de valeur pour mutualiser les coûts
Parce que le groupe Vivescia est convaincu que la réponse collective est indispensable pour réussir à grandes échelles les transitions agricoles et alimentaires, il embarque dans l’aventure l’ensemble de ses métiers et notamment ses activités de transformation malterie, meunerie, boulangerie-viennoiserie-pâtisserie, maïserie, nutrition animale et les marques associées, Francine, boulangeries Campaillette et Copaline, ou encore Délifrance, Kalizea.
Cette réponse collective se traduit aussi par l’engagement d’autres acteurs incontournables du tissu agro-industriel français et européen, Avril et sa filiale Saipol, Roquette, Tereos ou encore Sedamyl et Etea Group. En juin 2024, c’est Heineken qui annonce rejoindre le programme. Le groupe s’engage à s’approvisionner en orge auprès des agriculteurs engagés dans le programme.
Etea Sedamyl, Roquette et Tereos parallèlement à Vivescia Industries, avec les Grands Moulins de Paris et Malteurop, renforcent également leurs engagements avec l’achat de volumes de grains additionnels pour soutenir les 220 nouveaux agriculteurs, qui montent à bord de Transitions à l’automne 2024.
Pour Hervé le Faou, directeur des achats chez Heineken, « l’agriculture représente environ 21 % de notre empreinte carbone totale. En investissant dans des pratiques agricoles régénératrices, nous atténuons non seulement l’impact environnemental, mais nous renforçons également la résilience de notre chaîne d’approvisionnement ». Pour Valérie Frapier, « le fait que les grands noms de la transformation s’engagent dans ce programme, c’est une marque de confiance qui légitime le sérieux et la pertinence de la démarche ».
Par ailleurs, le modèle économique du programme est fondé sur la mutualisation des coûts par les acteurs de l’aval. « Tout le monde s’accorde sur la finalité d’un tel programme, mais il faut pouvoir le financer car il se chiffre à une dizaine de millions d’euros. Ce programme bénéficie d’un soutien d’un montant de 1,9 million d’euros via le plan France 2030. Mais ces soutiens publics sont largement insuffisants pour accompagner la transition, sans coalition avec les acteurs de l’aval qui soutiennent la démarche, on pourrait difficilement la massifier », explique la responsable.
Impliquer les clients afin de soutenir les agriculteurs dans le changement des pratiques, c’est aussi la démarche du groupe Cristal Union pour la filière betteravière. Les pratiques sont valorisées grâce à l’offre de sucres et d’alcools Amplify™ proposée par la filiale commerciale du groupe sucrier Cristalco. « La collecte de primes Amplify a permis la mise en place d’une prime RegAg pour les agriculteurs les plus avancés en matière d’agroécologie afin de soutenir les efforts des coopérateurs », témoigne le groupe.
Montrer la voie et essaimer
Avant de lancer le programme, il a fallu travailler sur les scénarii, construire les écosystèmes qui peuvent relever d’une grande complexité. Il faut pouvoir mettre en place des systèmes de pilotage robustes et transparents et construire des outils de traçabilité indispensables aux entreprises partenaires de l’aval. « C’est un travail collectif qui s’inscrit dans une démarche de progrès », rappelle Valérie Frapier et d’ajouter « nous devons apporter des solutions opérationnelles à nos agriculteurs et nos clients pour pouvoir les fédérer. Et nos acquis, nous sommes prêts à les partager ».
Un an après le lancement du programme, la responsable concède « qu’il s’agit maintenant de gérer les frustrations, car pas moins de 600 agriculteurs souhaitent s’engager dans la démarche ». Preuve s’il en fallait que lorsqu’on apporte des solutions opérationnelles, qu’on accompagne humainement et financièrement la transition, les agriculteurs adhérent. « Les agriculteurs sont des chefs d’entreprise, si la performance agronomique, économique et environnementale est au rendez-vous, ils sont prêts à s’engager dans la transition », conclut Valérie Frapier.
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